ECLLA - 2023 - séminaire Hantologie - 2 mars 2023

ECLLA - 2023 - séminaire HANTOLOGIEARCHITECTURE

14 heures

ENSASE - Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Saint-Etienne - Atelier 404

Projet de recherche-création, articulant expositions, séminaires et publications porté par Pierre-Albert Perrillat (Professeur, Théories et Pratiques de la Conception Architecturale et Urbaine, TPCAU), Rémy Jacquier et Patrick Condouret (Maîtres de conférences, Arts et Techniques de la Représentation – Arts Plastiques et Visuels, ATR-APV).

Cinq séminaires sont proposés, auxquels sont invités aussi bien des artistes, des architectes récemment diplômés que des enseignants de diverses disciplines de l’UJM, l’ENSASE et l’ESADSE.

 

 

 

Le projet Architectures : une hantologie donnera à voir comment l’art, en investissant les motifs de l’architecture, ses formes archétypales, ses matériaux emblématiques, permet de donner corps aux analogies qui matérialisent dans l’imaginaire commun nos hantises, nos obsessions ou nos désirs. En quoi l’architecture vient-elle hanter l’art, déployant des espaces aberrants, des constructions volontiers paradoxales ? En miroir, l’association d’idée suppose de se demander quelles représentations sous-tendent les fantômes de l’architecture et quelle serait la valeur d’usage de la hantise pour penser une construction.

Il s’agira dans ce sens d’envisager l’architecture comme une structure mouvante, évoluant dans le temps, appelée à se modifier en permanence, loin des modèles qui tendent à en figer les structures dans des modèles préconstruits.

 

Spectres

Invité Xavier WRONA, architecte maître de conférences TPCAU – ENSASE :

« Évoquer l’hantologie c’est forcément aborder la présence du spectre, à ne pas comprendre dans son sens littéral bien sûr mais dans une idée plus imagée. Prenons le postulat de départ de la dualité du spectre, quelque chose qui relèverait aussi bien de l’absence et de la présence. Qui n’a jamais ressenti dans tel ou tel lieu toute la charge émotive des murs et de leur histoire ? Je me rappelle pour ma part une expérience personnelle dans ma prime jeunesse lors d’une visite du village martyr d’Oradour-sur-Glane où j’ai ressenti confusément toute la souffrance qui habitait encore plus de 70 ans après l’enceinte de l’église où le plus gros du massacre s’est noué. L’hantologie cela pourrait être cela, comme une émergence de souvenirs que nous n’avons pas connus, ce paradoxe de la présence du passé dans le présent. On comprend alors que notre perception du temps n’est pas simplement linéaire mais multiple et fragmentée (1) ».

En physique, nous pouvons définir un spectre comme l’apparence de la lumière émise par un corps lorsqu’elle est dispersée par un prisme, ce qui permet d’analyser les radiations qui la composent. Un spectre est aussi l’apparition fantastique d’un mort, ou encore la représentation effrayante d’une idée ou d’un évènement.

Au cours des années 1960 nous avons assisté à la dématérialisation de l’art, l’idée prime sur la matière dans l’art conceptuel. Aujourd’hui faisons-nous face à la matérialisation de l’invisible ?
Des oeuvres telles que Water Tower (1998) ou encore Embankment (2005) de l’artiste Rachel Whiteread, revêtent une forme tangible, le vide se matérialise en traces visibles du passé et évoquent la notion de mémoire, fondement même de tout art. En termes de matérialités, l’utilisation de la résine, matériau translucide, ainsi que le plâtre donnent aux œuvres une dimension spectrale.
« En donnant épaisseur, poids et un volume tangible à des volumes d’air qu’elle choisit, Rachel Whiteread nous fait toucher l’intouchable, l’incorporel, qui finalement se matérialise, se sublime en forme, en corps (2) ».

Si, dans cette perspective hantologique, ce n’est donc plus l’art qui se rend invisible ou immatériel mais l’invisible qui devient art, qu’en est-il de l’architecture ? Quels spectres matériels, théoriques ou politiques viennent hanter les pratiques et pensées de l’architecture ?

1 – Benzine, Webzine d’essence culturelle
2 – La solidification du vide de Rachel Whiteread : l’invisible se matérialise, Pamela Bianchi, Marges, revue d’art contemporain, 2014.

 

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Contacts

Pierre-Albert PERRILLAT
pierre-albert.perrillat @ st-etienne.archi.fr

Laure BUISSON
laure.buisson @ st-etienne.archi.fr

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