FEMMES ENFERMEES, FEMMES LIBRES

FEMMES ENFERMEES, FEMMES LIBRESCéline Cadaureille, 2023

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Maison Boulet, C. Cadaureille, 2013
Plaques en fer soudées et chaîne.
60 x 40 70 cm et chaîne de 180 cm.

 

  • (extrait Les femmes d’aujourd’hui au regard des artistes, Barbara Polla)
    Y a-t-il une femme libre ? Je veux dire vraiment libre ?

    On essaie de l’être mais on porte en nous un grand nombre de détenues...

    Car il n’y a pas qu’une femme en nous, il y a des femmes, nous sommes à l’image des matriochkas, dans lesquelles on découvre une multitude de petites figurines enfermées les unes dans les autres.

    Et qu’on le veuille ou non, l’histoire des femmes s’est incrustée dans notre mémoire, elle s’est infiltrée sous notre peau et se diffuse encore à travers notre sang. C’est l’histoire ordinaire de nos mères, de nos grands-mères et arrières grandes mères, mais aussi de nos tantes, de nos sœurs, de nos cousines. C’est l’histoire de celles que l’on a connu et des autres que l’on aurait aimé connaître.

    Et parmi toutes les femmes que contient ma matriochka, il y a un grand nombre de détenues, même s’il n’y a ni barreaux ni prison : des femmes « assignées à résidence », tenues de garder le foyer, de le réchauffer de leur présence, de leur amour ; certaines semblaient satisfaites, d’autres, asphyxiées par le feu domestique.

    [...] Le foyer m’est toujours apparu comme un espace ambivalent, à la fois réconfortant mais impliquant une forme de léthargie moribonde [...] La maison devient en quelque sorte l’aménagement d’une peine à laquelle des femmes se soumettent volontairement (ou non) et propose une douce domestication... La maison enferme en elle ces souffrances, ces frustrations, ces colères.

Pratique artistique théorisée

  • Céline Cadaureille, « Femmes enfermées, femmes libres », in B. Polla, Les femmes d’aujourd’hui au regard des artistes, Paris, éd. Slatkine, 2023, p.107 à 112.