FANTÔME

FANTÔMECéline Cadaureille, 2012

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Cuir, bois et plâtre patiné, 175 x 110 x 85 cm

  • Extrait C. Cadaureille, « Boucher les trous, combler les fissures : du vide au surplus »

    Il y a dans l’installation Fantôme cette volonté de recouvrir entièrement le corps en le submergeant de matières pour venir combler de manière exagérée les orifices et ainsi couvrir entièrement la surface corporelle. La pulsion de combler paraît alors sans contrôle et dérive sur un jeu morbide. Bien qu’au bord des plages, on laisse encore les enfants jouer avec le sable pour s’ensevelir en ne laissant généralement que la tête dépasser pour pouvoir respirer. Dans cet amoncellement de lambeaux de cuir, les limites sont dépassées et recouvrent complément le corps, l’œuvre Fantôme peut ainsi nous apparaître comme un tertre funéraire, un ensemble où les niveaux de gris des teintures évoquent la densité des cendres... mais il reste ces pieds qui dépassent. S’agit-il encore d’un jeu d’enfant ? Le surplus de matière transforme le corps, le recouvre complètement et révèle indirectement nos angoisses du vide et du néant montrant une réaction sans doute exagérée face aux fissures du corps que l’on souhaiterait colmater avec des lambeaux de chairs qui appartiennent à d’autres... Il y a dans cet ensemble, la volonté d’effacer totalement le corps et de faire disparaître avec lui le monde entier des fissures et des trous : combler l’orifice et tous les trous se refermeront ! Mais pouvons-nous remplir ce vide sans nous faire ensevelir par le trop plein que nous érigeons ? Le plein triomphe-t-il vraiment lorsque ces trous s’avèrent sans fond, sans limite ?

 

Pratique artistique théorisée

  • C. Cadaureille, « Boucher les trous, combler les fissures : du vide au surplus » in Motdit n°8, revue de création et de critique littéraire de Carleton University, Ottawa, Canada, avril 2016, pp. 48 à 54.

 

Expositions

  • Parcours de l’art, Avignon, 2015. Moulin des Arts, Saint-Rémy, Prix de la Jeune Création 2012 - Lauréate du Prix du public.