AUX VERGES SUSPENDUES

AUX VERGES SUSPENDUESCéline Cadaureille, 2015

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Éléments en porcelaine et roses d’Eden, dimensions variables

  • Extrait C. Cadaureille, « Postscriptum : l’ornement qui devient corps »

    Aux verges suspendues rassemble vingt-huit éléments reproduisant la forme d’un pénis en érection dans une fine et blanche porcelaine émaillée. Il semblait intéressant de représenter le sexe masculin à travers une matière aussi délicate et fragile que peut être la porcelaine. En renversant ces érections vers le bas, on déjoue les représentations que l’on se fait généralement du phallus, du Priape, pour présenter l’équilibre fragile de nos amours et de nos désirs. Dans ce renversement, il y a également un détournement de l’organe génital qui devient un réceptacle, un objet utilitaire, une sorte de vase anthropomorphique pour des bouquets de roses, d’un rose tendre. On retrouve alors clairement la fétichisation du corps avec ces fragments de pénis qui deviennent des vases mais également des ornements. Aussi, l’ensemble de ces éléments en porcelaine est fixé sur le mur à des intervalles réguliers de manière à créer une impression de motif, une impression qui est renforcée par la présence des roses qui jouxtent ces porcelaines pour évoquer un décor floral. La combinaison entre les fleurs et l’érection se fait par assemblage, d’après l’usage que l’on fait généralement de l’objet vase : le soliflore va joindre ainsi la fleur et le phallus. Cette installation peut paraître très statique avec des pénis figés au mur comme des papillons épinglés dans les boîtes des collectionneurs. Pourtant, cette installation change et évolue discrètement au rythme des bouquets de roses qui vont peu à peu se faner durant le temps de l’exposition. Il y a, dans ces érections pendues à notre désir, suspendues entre la terre et le ciel, quelque chose qui s’évanouit lentement et qui semble condamné à mourir. Mais comme le cycle de la nature, comme cette rengaine « Vie-Mort-dissolution-vie » le laisse entendre, on souhaite refleurir ces vases et voir nos amours se répéter indéfiniment telles des motifs dont on ne se lasse jamais.

 

Pratique artistique théorisée

  • C. Cadaureille « Elmar Trenkwalder : l’ornement qui devient corps », colloque Habiter l'ornement. Espace - Corps - Cultures, Université Toulouse Jean Jaurès, 2016 (actes en cours de publication).